Lettre ouverte aux parlementaires
En anglais
Open letter to the French Parliament http://www.lsijolie.net/article.php3?id_article=71
La dérive guerrière déclenchée par les
tragiques attentats du 11 septembre,
aboutit aux Etats Unis, en Europe, en Angleterre ou en France à
l'émergence
de lois anti-terroristes dénoncées par les défenseurs
des droits de l'homme
et des libertés. En France le gouvernement a appelé,
pour « combattre le
terrorisme », à voter, en urgence et en infraction avec
la Constitution, un
cortège de mesures sécuritaires exceptionnelles intégrées
à la Loi Sécurité
Quotidienne.
Les signataires de cette lettre ouverte sont eux soucieux de «
défendre la
démocratie face au terrorisme ». Ils s'inquiètent
du caractère inutile,
inefficace et attentatoire aux libertés individuelles et collectives
des
textes proposés à ce jour. Ils redoutent que l'impératif
de sécurité ne soit
finalement que le prétexte saisi par certains pour faire passer
en force des
amendements auxquels les associations de défense des droits
de l'homme et
des libertés s'opposent déjà depuis longtemps.
La perquisition des véhicules autorisée par un magistrat
sur un motif
quelconque, les « contrôles de sécurité
» et palpations laissées aux vigiles
hors de tout cadre judiciaire, les interrogatoires et confrontations
à
distance, la surveillance et l'accès aux données de
communications
téléphoniques et internet y compris cryptées,
la perte de contrôle des juges
sur les procédures de décryptage, la remise en cause
du droit à l'anonymat
et à la confidentialité des échanges, laisseraient
libre champ à des
pratiques arbitraires et discriminatoires et non plus à l'application
du
droit.
Les signataires veulent également attirer tout particulièrement
l'attention
des parlementaires sur les dangers de tout amalgame entre terrorisme,
immigration, contestation civile, opposition politique ou petite
délinquance, et de toute utilisation opportuniste et abusive
de ces mesures
à des fins autres que la lutte contre le terrorisme.
Les signataires demandent donc instamment aux parlementaires de :
- S'opposer au vote dans la précipitation de mesures inefficaces
sans qu'ait
eu lieu un vrai débat parlementaire et que leurs implications
ne soient
portées clairement à la connaissance de l'opinion publique.
- S'opposer à des mesures étendant les pouvoirs des
autorités
d'investigation et de maintien de l'ordre qui seraient adoptées
pour une
durée indéterminée.
- S'opposer à des procédures étendant les pouvoirs
des autorités
d'investigation et de maintien de l'ordre qui auraient un effet rétroactif.
- Veiller à ce que toute mesure susceptible d'atteindre aux
droits
individuels et collectifs à l'intégrité physique
et morale de la personne, à
l'opinion, à l'anonymat, et à la confidentialité
des communications
postales, téléphoniques et électroniques, reste
très strictement sous le
contrôle des magistrats.
10 octobre 2001
Signatures Associations et Collectifs :
CLIFTI (Collectif pour les Libertes Individuelles Face aux Technologies
de
l'Information) clifti@clifti.org
Collectif LSIJolie - admin@lsijolie.net
Reseau Voltaire pour la Liberte d'expression - redaction@reseauvoltaire.net
samizdat.net - samizdat@samizdat.net
Souriez Vous etes filmes - sourieznews@ml.free.fr
Signatures individuelles :
http://www.lsijolie.net/article.php3?id_article=68
Contact : admin@lsijolie.net
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Souriez vous êtes filmés
non au tout
sécuritaire 10 Octobre 01
en anglais sur http://www.notbored.org/french-statement.html
Au début des années 90 "des caméras-vidéos
sont installées à Levallois pour faciliter la circulation
des automobiles". P.Balkany, Maire de Levallois installe le premier
laboratoire de vidéosurveillance avec l'appui de Pasqua alors
ministre de l'intérieur qui fait passer une loi dite "loi
Pasqua".
Entre temps la CNIL, censée protéger nos libertés
ferme les yeux et donne son accord.
Une centaine de caméras envahit la ville, certaines en face
du local de l'opposition, d'autres aux coins des rues.
Quelques années plus tard, alors que Balkany comparait devant
la justice pour détournement de bien public, un audit commandé
par son successeur RPR, souligne clairement linefficacité
du système de vidéosurveillance dans son dessein avoué
: "contrer la délinquance".
Malgré cela, plusieurs dizaines de villes en France ont installé
depuis et
intensifié la vidéosurveillance des lieux publics et
mettent sous contrôle vidéo permanent la population.
Aujourd'hui alors que les caméras à reconnaissance faciale
font leur
apparition sur le marché des illusions sécuritaires,
le gouvernement tente de faire passer des lois liberticides sous le
prétexte fallacieux de "lutte contre le terrorisme".
Ici, il nous faudrait vivre dans la psychose de contrôles continus,
filmés, surveillés et fichés toute la journée
comme si nous étions tous
suspects et qu'on accepte par ailleurs qu'on tue -toujours pour notre
sécurité- des hommes des femmes et des enfants.
Nous dénonçons les dérives sécuritaires
d'un état qui se dit démocratique et veut faire voter
pour une durée indéterminée sans un vrai débat
parlementaire ni en informer lopinion public, des lois attentatoires
aux libertés, et selon des critères particulièrement
opaques.
Nous dénonçons les véritables responsables de
cette mascarade, les assoiffés du pouvoir politique qui ne
reculent devant rien pour flatter avec démagogie et opportunisme
la peur de "l'autre" et qui bien avant le 11 Septembre espéraient
s'attirer les bulletins de vote en jouant la carte du tout-sécuritaire.
Nous demandons que soit remise en cause dès maintenant une
politique au service du marché économique et des inégalités
sociales qui a pour principe d'asservir la population en lui restreignant
ses possibilités humaines.
Nous aspirons à pouvoir vivre dans un monde autre que celui
qui nous subissons, celui des industriels soutenus financièrement
par le gouvernement qui polluent nos eaux nos terres et notre air,
s'enrichissent monstrueusement sur le dos des travailleurs, des précaires
et des pays pauvres et mettent en place le marché de la surveillance
des citoyens.
Les images des trafiques d'argent et des paradis fiscaux, les magouilles
politiques en toute impunité et les accords en sous-sol des
puissants ne se filment pas, ce sont pourtant eux les responsables
de notre quotidien, eux qui nous doivent des comptes.
Les morts qui s'allongent sur les routes -plus de 600 en septembre-
sont ceux de l'irresponsabilité et de la frilosité des
politiques face au lobbying de la voiture.
Pourtant les routes, autoroutes, et carrefours sont vidéosurveillés.
Le supermarché est vidéosurveillé, le bureau,
l'usine sont
vidéosurveillés, les rues sont vidéosurveillées.
Quelle pléthore d'images !
Et pourquoi ? Dans le supermarché chaque faits et gestes du
consommateur apathique est filmé et analysé afin d'en
étudier à son insu le comportement pour mieux lui vendre
des vaches folles des fromages pourris et des poulets aseptisés.
Au bureau, à l'usine pour la rentabilité de l'entreprise
et dans la rue pour surtout ne pas perdre l'habitude ! On installe
maintenant des caméras dans les lycées au lieu d'investir
cet argent dans l'éducation et créer des postes.
"Y'a pas de boulot, va te faire surveiller" pourrait être
le mot d'ordre actuel.
L'inutilité des technologies sécuritaire sous toutes
leurs formes, pour ceux qui en doutaient, est désormais démontrée.
A fortiori depuis un mois. Stop au gâchis de l'homme, arrêtons
d'investir dans cette voie indigne d'une démocratie, arrêtons
d'accepter de brader nos vies et nos libertés.
Nous appelons à une prise de conscience de tous les citoyens
afin qu'aujourd'hui, nous nous opposions à une politique qui
pointe les bottes du totalitarisme.
Le 11 Septembre ne doit pas être l'occasion du renforcement
d'une politique sécuritaire stérile dangereuse et inutile,
mais l'occasion féconde d'une remise en question globale de
notre société.Quand nous attaquerons nous aux véritables
problèmes qui rongent nôtre
capacité de vie ?
Quand aurons-nous l'intelligence de nous dire que cette société
fait fausse route, que nous n'avons pas à accepter de telles
dérives ni pour nous ni pour les générations
à venir. La course de la numérisation, les progrès
de l'informatique dont profite le contrôle social nous font
craindre le pire des futurs. Les citoyens déjà brimés
dans l'engrenage d'une société marchande qui n'hésite
devant aucune manipulation politique pour asseoir ses pouvoirs, ne
seraient-ils plus alors que de serviles consommateurs ? Non aux lois
liberticides qui légalisent la connerie.
Aujourd'hui, nous disons qu'il est encore possible de
repenser à ce qui nous anime, à ce qui forme une société
humaine digne de ce nom.
SOURIEZ VOUS ETES FILMES
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